André Carrara est adolescent lorsqu’il rencontre pour la première fois la photographie. Accompagnant sa sœur dans le laboratoire photographique où elle était employée, il se voit confier un appareil et part faire ses premières prises de vue dans Paris. Ces premières expériences le passionnent et décident de son avenir : il sera photographe. D’abord apprenti dans différents laboratoires où il s’initie au développement et au tirage tout en suivant les cours du soir de l’école Rue de Vaugirard, il entre à 20 ans comme assistant dans l’agence de publicité SNIP, véritable ruche où se côtoient, photographes, dessinateurs ou graphistes. C’est là qu’il découvre véritablement la photographie côtoyant Willy Rizzo, Fouli Elia, Guy Bourdin ou Jean-Bernard Naudin. C’est auprès de ce dernier qu’il va apprendre le métier et parfaire son apprentissage. En 1963, il y réalise sa première série de prises de vue, une campagne publicitaire très remarquée pour Lacoste.
La carrière de photographe d’André Carrara est lancée. Antoine Kieffer, alors directeur artistique de Vogue France, frappé par la qualité de ses clichés noir et blanc, lui donne sa chance et lui commande ses premiers reportages. Tout s’accélère lorsqu’Hélène Lazareff, aux commandes de Elle, le magazine qu’elle a créé en 1945, le sollicite. Il rejoint alors d’autres prestigieux photographes, collaborateurs réguliers comme Helmut Newton ou Hans Feurer. Roman Cieslewitz vient d’y entrer comme directeur artistique. Cette arrivée signe le renouveau de la maquette du magazine qu’il transforme selon sa propre vision graphique, caractérisée par la clarté et la simplicité de l’expression plastique. Cette collaboration avec celui qui est considéré comme l’un des plus grands graphistes de la seconde moitié du XXème siècle est pour André Carrara déterminante : il parfait son style et signe alors avec Cieslewitz de très nombreux reportages très graphiques.
La collaboration est entrecoupée d’un voyage de trois ans aux Etats-Unis où il effectue des reportages pour Mademoiselle, Glamour… De retour en France au début des années 70, il reprend sa collaboration à Elle et publie dans de nombreux magazines comme dans les éditions britannique, allemande ou italienne de Vogue, tout en devenant l’un des principaux collaborateurs de l’agence de publicité MAFIA. Si dans les années 1990, à la demande d’Anna Wintour, André Carrara collabore régulièrement au magazine américain Allure ainsi qu’à d’autres grands titres, les années 1980-2000 seront surtout les années Marie-Claire et Marie-Claire bis où il réalise, avec Walter Rospert puis Fred Rawiler comme directeurs artistiques, ses plus beaux sujets, ses plus belles photos.
Isabelle Cécile Le Mée
16 novembre 2020