a

Nullam id dolor id niultriciesPellentesque ornare sem lacinivenenatis vestibulum. Maecenas sed diam

INSTAGRAM

Back to Top

Megève, Les Visages de l’Agriculture, photographies de Gilles Lorin

 

Gilles Lorin « Les Visages de l’Agriculture »

Exposition en plein air, au Jardin Alpin (entre le Novotel et le Palais des Sports)

Du 18 juillet 2022 au 8 mai 2023

 

Megève, on l’oublie souvent, a été dans les siècles passés un des territoires les plus peuplés des Pays de Savoie. Bien située à une des extrémités du Sillon alpin, elle a été habitée bien avant le milieu du Moyen Âge, où débute son histoire « officielle ».

S’ils peuvent encore donner l’impression aux visiteurs d’espaces naturels, ses paysages, comme ceux des hautes vallées voisines, sont ainsi en réalité modelés par les hommes depuis les temps préhistoriques, au gré des aléas climatiques et humains.

Tout a commencé il y a quelque 5 000 ans peut-être, quand les premiers paysans locaux ont créé prairies d’alpage et champs cultivables. Nombre de parcelles qui apparaissent aujourd’hui pâturées, boisées ou artificialisées ont été de fait très longtemps cultivées.

Sur toute cette durée, les activités agricoles ont également connu des changements du fait des fluctuations de frontières, des tutelles et par conséquent des flux de passages et des échanges commerciaux.

.

.

 

C’est avec le passage à une économie touristique, amorcé au tournant du XXe siècle, que les paysages mègevans ont subi les plus profondes modifications, avec une croissance exponentielle du nombre de bâtiments et d’infrastructures, accompagnée d’une nouvelle progression des zones boisées.

La Première Guerre mondiale, qui a décimé avant tout la paysannerie, marque le déclin irréversible de la civilisation agro-pastorale née au Néolithique. Jusqu’à ce basculement anthropologique majeur, les gens d’ici y avaient mené une vie simple, presque inchangée dans ses fondamentaux, où l’agriculture vivrière tenait la première place.

Dans l’ensemble, les habitants vivaient en semi-autarcie, se nourrissant principalement de ce qu’ils produisaient, se vêtissant à partir des produits du pays et s’abritant dans des maisons construites souvent par eux-mêmes et leurs voisins avec des matériaux locaux. Le travail était long et pénible, les périodes difficiles nombreuses, l’émigration, temporaire ou définitive, une nécessité pour beaucoup.

.

.

 

Au sein de la paroisse, on vivait entre soi. À la veille de la Grande Guerre encore, 9 habitants sur 10 en étaient natifs. La majorité des autres étaient des Mègevans émigrés revenus au pays ou originaires d’autres communes savoyardes. Seuls quelques dizaines de résidents pouvaient être vus comme des étrangers ; et encore les Piémontais aussi avaient été, jusqu’à peu auparavant, des compatriotes.

La rudesse du milieu montagnard, la proximité génétique, la ferveur religieuse concouraient à renforcer la cohésion de la communauté.

De génération en génération, ses membres entretenaient une connaissance intime et approfondie de leur microcosme, des lieux-dits, des sources, des montagnes, des vents… Ainsi, le vent de Flumet, pluvieux, le vent de La Giettaz, qui amène pluie, grêle et neige, le vent du Nord, froid et sec, le foehn venu du Sud qui fait fondre la neige, et encore le Joran (« zdoran »), cette brise qui descend la nuit du Mont Joly.

.

.

 

Beaucoup de choses ont changé depuis, évidemment.

Les pâturages d’altitude ne constituent plus la principale richesse des montagnards.

La population agricole a considérablement fondu. Actuellement, elle représente à peine 2% de la population locale. Il y a un peu plus d’un siècle, les paysans formaient encore ici près des deux tiers des actifs. Et encore plus anciennement, plus de 90% certainement.

L’agriculture est maintenant très largement orientée vers un élevage bovin extensif et la production de lait, sous signes de qualité (AOP, Bio ou autre label). La presque totalité des terres agricoles est toujours en herbe, les parcelles cultivées réduites à la portion congrue. Le lait est en général descendu en 4×4 à la coopérative plutôt que fabriqué dans les alpages. Et, outre des vaches et des moutons, on peut parfois apercevoir de nos jours au détour d’un chemin des bêtes plus exotiques, comme des rennes.

L’automatisation des tâches et la commercialisation en circuits courts se développent. Les normes sanitaires et administratives contraignantes aussi. On ne parle d’ailleurs plus de paysans mais d’exploitants agricoles voire d’entrepreneurs du vivant.

.

.

 

Cependant, en dépit des contraintes particulières au milieu montagnard, il y existe toujours aujourd’hui un secteur agricole : les Mègevans produisent de très bons fromages, un miel excellent, des fruits et légumes biologiques, contribuent à améliorer des races locales de vaches et de chevaux… Certains éleveurs se montrent à la pointe de la technologie. D’autres conservent amoureusement des savoir-faire ancestraux. Tous sont légitimement fiers de ce qu’ils font.

Afin de rendre hommage à celles et ceux qui nous nourrissent, la commune de Megève est à son tour fière de proposer cette exposition qui réunit une trentaine de ses éleveurs, apiculteurs et maraîchers. Tous ont accepté de poser pour le photographe Gilles Lorin, qui lui aussi a grandi à Megève. Au fil des saisons, l’artiste est allé à la rencontre de ces hommes et ces femmes également engagés et passionnés.

Cette exposition est le fruit de leur rencontre.

.